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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 10:24

 

Nous avancions depuis une heure.
Rien ne bougeait autour de nous.
 
Pas de bout de couloir,
pas même d’horizon,
derrière nous, l’entrée,
n’existait plus depuis longtemps.
 
Les vers menottes n’arrivaient pas
à desserrer les dents.
L’inspecteur, inébranlable,
me poussait droit, toujours, devant.

A cet instant, j’entendis des pas
derrière nous, je me retournais.
Je vis qu’un homme en noir nous suivait
(du moins il semblait noir, dans ce blanc)

Je me tournais encore
et vis qu’un homme en noir
nous précédait (un autre)

puis un à gauche
et un à droite
et un encore devant
et encore un derrière.

Bientôt ils furent si nombreux
qu’ils nous touchaient de tous côtés.
De si près, je voyais leurs couleurs
mais aussi, je sentais leurs odeurs.
Ils n’étaient pas que des hommes :
Il y avait aussi des femmes
et des enfants.

Tous allaient dans la même direction.

Je pouvais voir le bout du couloir
mais je voyais aussi le plafond
et les murs se rapprocher.

Plus nous étions nombreux
et plus j’avais l’impression
que le couloir se resserrait.

“Vous aviez raison” dis-je à l’inspecteur
“ils devraient vraiment penser
à élargir ce couloir !”

Il me prit par le bras
et me tira vers lui

“Restez près de moi
et ne ralentissez pas !
Nous devons garder le rythme
si nous voulons passer !”

Les murs et le plafond
nous écrasaient presque.
Derrière nous, la foule compacte,
nous pressait sur la foule devant
comme une grappe de raisin
pour en tirer le jus.

Ce n’étaient plus des murs
mais un monstrueux entonnoir
d’où un filet de sang
allait emplir une bouteille avide.

J’étais le grain de sable
d’un sablier démoniaque
qui s'apprête à passer
de l’autre côté.

Où allais-je tomber ?

La pression était trop forte
tout était devenu noir
je ne respirais plus

dans un dernier souffle

Je crois que j’ai crié.


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