Depuis que je suis née je fais ce rêve étrange
Où mon âme et mon corps s’élèvent comme un ange,
Où la voûte céleste enluminée m'appelle,
Ô , l'astre de la nuit, et où j’ouvre mes ailes.
Rien, des larmes secrètes des rues emmurées
Ni des combles enfouis aux souvenirs usés,
Rien, des câbles en vagues mouillant les maisons,
Ne me retient alors, ni même une raison.
Les façades s'écartent, les toits se dérobent.
Telle une ancre lancée vers les nuages sombres,
Les lampes projettent mon ombre vers le ciel.
Je décolle, tirée d'un trait immatériel.
Je tends un bras limpide et la lune attentive
S'en empare aussitôt. D’une touche lascive
Elle peint sur ma peau les reflets d’un soleil
Masqué par une terre bouffie de sommeil.
…