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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 23:40

 

Sur l’horizon de mer en face de moi, entre deux palmiers nonchalants, la liste des messages s’affichait.
Treize nouveaux depuis la dernière consultation smarty, auxquels il fallait ajouter les messages de la journée dont je n’avais fait que consulter les intitulés.
Je repérais rapidement mes “clients” du columbarium et commençais par visionner les messages auxquels je n’allais pas répondre - parce que j’avais prévu de rencontrer leurs auteurs ce soir en holovision -
Il était important de connaître leurs dernières paroles avant de les retrouver.
 
Les messages holographiques s’affichaient en vidéos plates : Tous les murs, cloisons, portes et fenêtres avaient beau être, à la fabrication,  imprimés de molécules électrochromiques, permettant de se servir de n’importe quelle surface comme d’un écran, l’équipement d’appliques holoview n’était pas compris dans l’installation standard des salles de bain du zéro.
 

+ PIERREP33 :
Désolé, je ne viendrai pas ce soir

… Toujours aussi bref Pierre ! Il ne viendra pas. C’est bon à savoir.

+ MAROUSKAN :
A ce soir Angie, j’ai hâte de te revoir !

… Il est gentil. Je l’aime bien.

+ ERASTINO :
Angelina Bella

Ange miséricordieux
Assèche mes larmes,
Calme mon âme,
Apaise mes yeux.

à bientôt !

… A ce soir Erastino... Je lui avais dit que j’aimais la poésie et, depuis, il ne se passait pas un jour sans qu’il me déclame un petit poème. C’était parfois embarrassant et je ne savais pas bien quoi penser de tout ça, ni s’il fallait lui dire d’arrêter ?

+ LIONELVAL :
Angelina, j’espère que tu passeras comme prévu. Je te montrerai les holos de ma fille dont je t’ai parlés.

… Oui je me souvenais... Les derniers repas de famille et les promenades au lac qui s’en suivaient... Avant ce terrible accident... Pauvre Lionel. C’était un brave type. Il aurait pu être mon père...

… Mon père...
J’en avais que très peu de souvenirs, tout comme de ma mère ! Une vague image de leur visage, tout juste une émotion, une sensation d’amour passée mais encore poignante. J’ignorais presque tout d’eux. Je ne savais pas où les trouver ni s’ils étaient encore vivants.
Je m’étais réveillée il y a trois ans dans un lit d'hôpital, amnésique, vide comme une cruche cassée, Alice assise à mes côtés.
Elle m’avait raconté qu’elle m’avait trouvée, une nuit, évanouie au bas de son immeuble. Elle avait appelé les urgences et m’y avait accompagnée.
On fit des recherches dans les bases du réseau pour retrouver mon identité, mais c’était inutile, au premier contact des scanners médicaux le réseau aurait du me reconnaître : j’étais une inconnue.
En trois ans, la mère d’Alice devint, pour moi, comme une mère adoptive, et ses amis : mes amis. Je me remplissais de nouveaux souvenirs. Les anciens, parfois, me revenaient par bribes. Je me rappelais : j’avais un frère et une soeur, je m’appelais Sian. Un visage terrifiant se plantait régulièrement au milieu de ma mémoire. Ça ressemblait plus à un masque, à une forme blanche et floue, sans yeux, sans nez, sans bouche : sans expression, mais c’était pourtant bien l’effroi que je ressentais en sa présence.
Je me remplissais sans savoir si ces souvenirs anciens étaient vraiment anciens ni s’ils m’appartenaient. Peut-être récoltais-je le souvenir d’évènements futurs ? peut-être était-ce la mémoire de ces corps que j’habitais pendant mes “voyages” ?

Aurore voyait dans ces mystères des arguments supplémentaires pour étayer la thèse du “robot”

Tous les prélèvements et les analyses qui furent faits sur moi à cette époque me confortaient dans l’affirmation que je n’en était pas un (terminé, c’est fini, on n’en parle plus, la question est réglée, on arrête avec ces bêtises)


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